Guerre commerciale États-Unis–Chine (2018–2025) : tarifs, trêves et perspectives

Joy

14 juil. 2025

Guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine
Guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine
Guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine
Guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine

TABLE DES MATIÈRES

Aperçu historique : de la réciprocité à la guerre totale (2018–2025)

Le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine a débuté en 2018, lorsque l’administration Trump a imposé des droits de douane massifs sur les produits chinois, provoquant une riposte rapide de Pékin. Ce qui avait commencé par des taxes ciblées sur 50 milliards de dollars de marchandises s’est rapidement transformé en guerre commerciale réciproque impliquant des centaines de milliards de dollars de droits de douane, touchant particulièrement les secteurs de l’électronique, de l’agriculture et de l’automobile. Une brève trêve et l’accord « Phase One » de 2020 ont apporté un soulagement temporaire, la Chine s’engageant à acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains, engagement partiellement respecté. Malgré les droits de douane toujours en vigueur, les volumes commerciaux ont rebondi dès 2022, tandis que le président Biden maintenait les tarifs et renforçait les contrôles à l’exportation sur les technologies chinoises.

Entre 2024 et 2025, les tensions ont de nouveau augmenté. Trump, de retour au pouvoir, a mis en place des droits de douane « réciproques » massifs, portant finalement les taxes totales à 54 % sur l’ensemble des importations chinoises. La Chine a réagi par ses propres mesures, incluant des restrictions à l’exportation sur les terres rares et la mise sur liste noire d’entreprises américaines. Le résultat fut un mur commercial sans précédent : en avril 2025, les droits de douane moyens atteignaient plus de 126 % pour les États-Unis sur les produits chinois et 148 % pour la Chine sur les produits américains, couvrant pratiquement l’intégralité du commerce bilatéral. Face à la hausse des coûts et aux chaînes d’approvisionnement perturbées, les marchés mondiaux ont vacillé, et les deux pays ont dû faire face à une inflation croissante et à une pression pour désamorcer le conflit.

Le tableau suivant présente la chronologie des principaux événements.

Date

Action/Événement

Détails

6 juil. 2018

🎯 Début de la guerre tarifaire

Les États-Unis imposent des droits de douane de 25 % sur les produits chinois de 50 milliards de dollars ; la Chine réagit sur les produits américains de 50 milliards de dollars

24 sept. 2018

🔥 Escalade

Les États-Unis ajoutent 10 % de droits de douane sur 200 milliards de dollars ; la Chine répond avec 110 milliards de droits de douane incluant l'agriculture

Déc. 2018

🤝 Trêve temporaire

Le sommet du G20 suspend les droits de douane pendant 90 jours pour permettre des négociations

10 mai 2019

💥 Effondrement des discussions

Les États-Unis augmentent le tranchant de 200 milliards de dollars de 10 % à 25 % ; la Chine répond avec des droits de douane de 5 à 25 % et des réductions agricoles

15 janv. 2020

📜 Accord Phase One

La Chine promet 200 milliards de dollars d'achats américains ; les États-Unis réduisent de moitié le tarif de 15 % à 7,5 % sur les marchandises de 120 milliards de dollars

2020 (COVID-19)

🦠 Ralentissement mondial

Le commerce ralentit mais rebondit d'ici 2022

2022

📈 Rebond commercial

Le commerce entre les États-Unis et la Chine frôle les records : 536 milliards de dollars d'importations, 154 milliards de dollars d'exportations

oct. 2022

🚫 Contrôles à l'exportation des technologies

Les États-Unis bloquent l'accès de la Chine aux puces avancées

mai 2024

⛽ Augmentation des droits de douane

Biden augmente les droits de douane sur les véhicules électriques, panneaux solaires, acier, aluminium

janv. 2025

🏛️ Retour de Trump

Réélu ; signale une position commerciale agressive

4 févr. 2025

⚠️ Droits de douane généralisés

10 % de droits de douane sur toutes les importations chinoises (reste de plus de 300 milliards de dollars) ; la Chine réagit

4 mars 2025

➕ Deuxième tour

Les États-Unis ajoutent 10 % de plus (total 20 %) ; la Chine ajoute 15 % de plus ; la réciprocité réglementaire commence

3 avril 2025

📢 "Jour de libération tarifaire"

Trump annonce 34 % de droits supplémentaires, effectifs le 9 avril (total combiné ~54 %)

4 avril 2025

🇨🇳 La Chine réagit

Plainte à l'OMC, contrôles à l'exportation de terres rares, mises sur liste noire, interdictions d'importation, actions antitrust

Mi-avril 2025

📉 Guerre totale

Droits de douane moyens des États-Unis = 126 % ; Chine = 148 % ; presque tout le commerce bilatéral taxé

mai 2025

🧯 Pression pour une trêve

Les marchés s'effondrent ; les craintes d'inflation augmentent ; les appels à la désescalade s'intensifient

Trêve tarifaire de mai à juillet 2025 : un répit temporaire

Après un printemps tendu, Washington et Pékin ont conclu une trêve tarifaire surprise en mai 2025. Le 12 mai, les négociateurs réunis à Genève ont annoncé une pause de 90 jours afin de désamorcer les dernières séries de hausses de droits de douane. Les deux parties ont publié une déclaration conjointe décrivant un recul partiel des mesures d’avril 2025. L’accord, effectif du 14 mai au 12 août 2025, a considérablement fait baisser la tension, bien qu’il n’ait pas mis fin à la guerre commerciale.

Dans le cadre de la trêve, le président Trump a suspendu 24 points de pourcentage de ses « droits de douane réciproques ». Cela signifiait qu’au lieu d’un droit additionnel punitif de 34 %, les importations américaines en provenance de Chine seraient soumises à un droit supplémentaire de 10 % pendant 90 jours. En pratique, les États-Unis ont réduit l’augmentation tarifaire du 9 avril de 34 % à un « taux de base » de 10 % sur tous les produits chinois. De même, la Chine a réagi en réduisant son droit de rétorsion sur les importations américaines de 34 % à 10 % pour la période de la trêve. En outre, les deux parties ont annulé les hausses supplémentaires qui avaient été ajoutées début avril. (Notamment, les États-Unis ont abandonné leurs hausses incrémentales du 8–9 avril qui auraient porté les droits de 34 % à un niveau surréaliste de 125 %, et la Chine a annulé sa propre escalade prévue à 125 %.) Ainsi, pendant la trêve, les droits de douane sont revenus approximativement à l’état du 2 avril 2025 : chaque pays imposait un droit supplémentaire de 10 % sur toutes les importations en provenance de l’autre, en plus des droits existants.

Il est important de noter que tous les autres droits de douane sont restés en vigueur. La pause de 90 jours n’a pas annulé les droits de guerre commerciale en place depuis 2018. Les États-Unis ont maintenu leurs droits originaux de la Section 301 (25 % sur 250 milliards de dollars de produits chinois, 7,5 % sur 112 milliards supplémentaires) ainsi que leurs droits Section 232 sur les métaux (25 % sur l’acier, 10 % sur l’aluminium). La Chine a également conservé ses droits de rétorsion de la phase 2018–2019 (allant approximativement de 5 % à 25 % sur divers produits américains). En effet, l’accord de mai 2025 n’a fait que réduire la dernière escalade, sans aborder les couches tarifaires accumulées au fil des années. En conséquence, les taux de droits de douane restaient largement supérieurs aux normes d’avant-guerre. Fin mai, le tarif moyen américain sur les produits chinois était d’environ 51,1 % (en baisse par rapport au pic absurde de 126 %, mais encore plus du double du niveau d’environ 20 % au début de 2025). Le tarif moyen chinois sur les produits américains s’établissait à environ 32,6 % après le recul, également en forte baisse par rapport aux sommets d’avril mais toujours bien au-dessus des niveaux historiques. Chaque dollar de commerce bilatéral était désormais soumis à une forme de taxe à l’importation, souvent superposée.

Au-delà des droits de douane, Pékin et Washington ont convenu de geler certaines mesures non tarifaires qui avaient accompagné l’escalade d’avril. La Chine s’est engagée à suspendre les mesures de rétorsion telles que ses contrôles à l’exportation et la mise sur liste noire des entreprises américaines pendant la période de 90 jours. Le 14 mai, le ministère chinois du Commerce a annoncé une pause des nouvelles restrictions à l’exportation sur les terres rares et un arrêt de 90 jours des désignations « entité non fiable » des entreprises américaines. Il s’agissait d’un geste de bonne volonté visant à créer un climat plus favorable aux négociations, bien que limité dans le temps. Les États-Unis, pour leur part, ne se sont pas engagés formellement à lever leurs restrictions à l’exportation de technologies dans le cadre de cette trêve, mais ont adouci leur rhétorique et retardé certaines mesures prévues (par exemple, l’administration Trump a reporté le doublement des droits sur les envois postaux prévu le 1er juin, qui visait les colis de commerce électronique chinois).

Sur le plan diplomatique, la pause de mai à juillet a reflété une reprise prudente du dialogue. Les deux parties ont mis en place un canal de haut niveau pour traiter les frictions économiques plus larges : le vice-Premier ministre He Lifeng pour la Chine et le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent (avec l’USTR Jamieson Greer) pour les États-Unis ont été chargés de diriger les discussions en cours. Il s’agissait du premier dialogue économique structuré États-Unis–Chine depuis l’ère Phase One, indiquant que les deux gouvernements prenaient l’impasse au sérieux. En public, les responsables ont présenté le cessez-le-feu de 90 jours comme une opportunité de « poursuivre les discussions sur les relations économiques et commerciales » et de travailler à résoudre les problèmes plus profonds. En effet, la déclaration conjointe faisait allusion aux préoccupations sous-jacentes des États-Unis – telles que le « manque de réciprocité commerciale » et les questions de sécurité nationale – sur lesquelles Pékin devrait progresser si un accord durable devait être conclu.

Contexte et motivations : pourquoi les deux parties ont-elles reculé ? Pour les États-Unis, la série de hausses tarifaires du début avril avait déclenché des alertes politiques et économiques. Les importateurs et détaillants américains avertissaient de hausses de prix imminentes et de pénuries si les droits complets de 34 % (et plus) étaient maintenus. Les marchés financiers ont vacillé fin avril, craignant que le conflit ne plonge les États-Unis en récession. Trump, qui avait fait campagne sur sa fermeté envers la Chine, était également soucieux de ne pas écraser l’économie américaine ni d’aliéner les agriculteurs et les fabricants avant des jalons politiques importants. En offrant une réduction temporaire à 10 %, il pouvait revendiquer un succès (« la Chine est venue à la table ») tout en soulageant les entreprises américaines à court terme. Pour la Chine, l’escalade spectaculaire des droits américains et le contrecoup mondial risquaient de ralentir encore une économie déjà fragile. Les dirigeants chinois faisaient face à la perspective de licenciements dans les usines et d’une inflation accrue pour les consommateurs si les droits américains restaient très élevés. De plus, Pékin devait gérer plusieurs fronts – au printemps 2025, les États-Unis avaient également coordonné avec des alliés sur des questions telles que les exportations de fentanyl chinois et la surcapacité dans des industries comme l’acier. Une pause offrait un répit et l’espoir d’éviter un effondrement complet du commerce sino-américain. Les deux parties ont probablement estimé qu’un « temps mort » de 90 jours était préférable à un plongeon dans une guerre économique ouverte aux conséquences imprévisibles.

Ainsi, en juillet 2025, un calme précaire prévaut. Les droits de douane sur des centaines de milliards de dollars de produits sont inférieurs à ceux de quelques mois plus tôt mais restent largement supérieurs aux niveaux d’avant conflit. Les entreprises s’efforcent d’ajuster leurs chaînes d’approvisionnement pendant ce répit limité, incertaines de sa durée. Agriculteurs, constructeurs automobiles et fabricants de semi-conducteurs font pression à Washington pour défendre leurs intérêts dans tout accord. À Pékin, les responsables évaluent quelles concessions, le cas échéant, la Chine peut faire pour satisfaire les demandes américaines d’ici août. La scène est prête pour un point décisif à l’approche de l’expiration de la trêve le 12 août 2025.Le tableau suivant fournit la chronologie de la trêve tarifaire et des perspectives (durant mai–août 2025).

Le tableau suivant présente la chronologie de la trêve tarifaire et des perspectives (mai–août 2025).

Date

Événement

12 mai 2025

🇨🇭 Accord de Genève annoncé – Les États-Unis et la Chine conviennent d'une trêve de 90 jours, annulant les augmentations tarifaires d'avril ; déclaration conjointe signale l'intention de continuer les négociations.

14 mai 2025

🔁 Réduction des droits de douane en vigueur – Les États-Unis réduisent le tarif additionnel sur les produits chinois de 34 % → 10% ; la Chine répond par une réciprocité. Les deux annulent les augmentations prévues à 125 %.

14 mai 2025

🧊 Gel des non-tarifs – La Chine suspend les contrôles à l'exportation des terres rares et les mises sur liste noire ; les États-Unis retardent l'augmentation des droits de douane postaux sur les colis de commerce électronique.

Fin mai 2025

📉 Droits de douane toujours élevés – Droit moyen américain = 51,1 %, Chine = 32,6 %. Les droits tarifaires historiques de 2018 à 2024 demeurent intacts. Les entreprises ajustent leurs chaînes d'approvisionnement.

juin–juillet 2025

💬 Pourparlers de haut niveau en cours – Dirigés par He Lifeng (Chine), Scott Bessent & Jamieson Greer (États-Unis) ; diplomatie discrète continue. Les marchés se stabilisent prudemment.

juillet 2025

⚠️ Pression de la date limite en augmentation – Trump signale aucune prolongation au-delà du 12 août ; l'incertitude augmente autour d'un possible retour à la situation d'origine ou d'un accord.

12 août 2025

🕛 Expiration de la trêve – Options :

  • Retour à 34 % de droits de douane → guerre commerciale renouvelée

  • Prolongation de la trêve de 10% → poursuite des négociations

  • 🤝 Accord partiel → concessions limitées (agriculture, technologie/propriété intellectuelle), allégement tarifaire par étapes |

Perspectives après la trêve : retour des droits de douane ou règlement après le 12 août ?

Alors que le cessez-le-feu tarifaire devait expirer le 12 août 2025, les enjeux sont élevés et la voie à suivre reste incertaine. Plusieurs scénarios pourraient se dérouler une fois que cette trêve de 90 jours prendra fin :

  1. Rétablissement complet des droits de douane – retour à une guerre commerciale totale : En l’absence de tout nouvel accord ou prolongation, les droits de douane suspendus seraient automatiquement rétablis le 12 août. Cela signifie que les États-Unis réimposeraient le droit de douane réciproque de 34 %, remplaçant instantanément le taux de 10 % sur les produits chinois par le droit supplémentaire complet de 34 % (en plus de tous les autres droits existants). La Chine, à son tour, ferait passer son droit de 10 % à 34 % sur toutes les importations américaines. En pratique, la guerre commerciale reviendrait avec force à la situation du début avril – voire pire, chaque partie ayant indiqué qu’elle pourrait ajouter encore plus de mesures si les négociations échouaient. Un rétablissement complet serait économiquement brutal. Des droits moyens dépassant 100 % rendraient la majorité du commerce bilatéral inabordable. Les importateurs américains devraient soit absorber une taxe énorme, soit trouver des fournisseurs non chinois du jour au lendemain. Les biens de consommation essentiels – smartphones, appareils électroménagers, vêtements – pourraient voir leurs prix de détail augmenter, alimentant l’inflation. Les entreprises américaines dépendant de composants chinois feraient face à des perturbations de l’approvisionnement ou au coût de relocaliser leur production. Du côté chinois, les fabricants verraient les commandes américaines se tarir, entraînant probablement la fermeture d’usines et des pertes d’emplois, en particulier dans les secteurs exportateurs comme l’électronique et les jouets. Pékin riposterait presque certainement au-delà des droits de douane, notamment en réactivant des interdictions sur l’exportation de matériaux stratégiques (comme les terres rares indispensables à l’industrie américaine) et en renouvelant les contrôles réglementaires sur les entreprises américaines en Chine. Les retombées géopolitiques d’un rétablissement seraient sévères : cela pourrait pousser les deux puissances vers un découplage économique plus profond et enflammer les tensions sur d’autres fronts.

Un retour complet aux droits de douane semble être le scénario par défaut si aucun accord n’est conclu. Notamment, le président Trump a parfois adopté un ton défiant, laissant entendre qu’il était prêt à laisser passer la date limite. Fin juillet, il a publiquement averti que « Aucune prolongation ne sera accordée » au-delà de la pause tarifaire, insistant sur le fait qu’à la mi-août, les États-Unis percevraient la totalité des droits dus. Cette rhétorique est en partie bluff et en partie tactique de négociation. Mais si on la prend au pied de la lettre, elle implique que la Maison-Blanche est prête à absorber la douleur économique d’une guerre commerciale renouvelée. Du point de vue de Trump, les droits rétablis pourraient également être utilisés sur le plan intérieur : il pourrait affirmer qu’il a donné une chance à Pékin et, lorsque ce dernier « n’a pas conclu d’accord », il a suivi sa ligne dure. Politiquement, cependant, relancer une guerre tarifaire attirerait les critiques des entreprises américaines et de nombreux législateurs. Les marchés réagiraient probablement négativement ; déjà, les observateurs notent que les investisseurs ont été trop optimistes, ne tenant pas pleinement compte du risque réel que les droits puissent effectivement revenir. Le rétablissement complet est donc un pari à haut risque. Il ne peut être exclu, surtout si les discussions stagnent ou si l’une des parties surestime la volonté de l’autre de rompre les négociations. Mais il constitue essentiellement le scénario le plus défavorable pour l’économie mondiale.

  1. Prolongation de la trêve tarifaire – reporter la décision : Un autre scénario plausible est que Washington et Pékin s’accordent pour prolonger la pause tarifaire au-delà du 12 août, gagnant ainsi du temps pour les négociations. Cela pourrait prendre la forme d’une courte prolongation (30 ou 90 jours supplémentaires) ou même d’une continuation ouverte si les négociations progressent. Une prolongation signifierait que les droits de base actuels de 10 % restent en vigueur au lieu de passer à 34 %. Du point de vue des entreprises, cela constituerait un soulagement – évitant le chaos immédiat et maintenant le statu quo de droits élevés mais gérables. Il existe un précédent pour ce type de prolongation : lors de la guerre commerciale initiale, l’administration Trump avait retardé à plusieurs reprises les hausses tarifaires en 2019 lorsque les discussions étaient en cours. De même, les marchés ont anticipé une certaine continuation si aucun accord final n’était prêt. Comme l’a noté un analyste, un simple écart de « trois semaines » entre la fin de la trêve et la fête du Travail serait exceptionnellement court si Trump avait l’intention de reporter la décision – une prolongation plus longue serait plus typique s’il cherchait à éviter de perturber le marché.

Une prolongation pourrait être justifiée si les deux parties rapportent des progrès suffisants sur les questions clés pour mériter plus de temps. Elle indiquerait également que ni Trump ni Xi n’ont envie d’assumer le coût d’un rétablissement des droits. Cependant, prolonger la trêve sans résolution comporte des inconvénients. Cela pourrait simplement prolonger l’incertitude : les entreprises resteraient dans l’expectative, incertaines de voir les droits doubler dans quelques mois. Un blocage prolongé pourrait également attirer des critiques selon lesquelles les négociateurs traînent les pieds ou que la pause se limite à « marquer le temps ». Néanmoins, le calcul politique pourrait favoriser le report plutôt qu’une action décisive si les écarts sont trop importants pour être comblés d’ici août. Trump pourrait estimer que prolonger les discussions (et maintenir les droits à 10 % au lieu de 34 %) contribue à stabiliser l’économie et le marché boursier américains, qu’il considère comme des indicateurs de succès. Pour Xi Jinping, éviter un rétablissement des droits permet de maintenir plus longtemps la fragile reprise post-COVID de la Chine et offre l’espoir de faire lever certaines taxes à terme.

Il existe également un scénario où la trêve est prolongée informellement : par exemple, aucune des parties n’augmente immédiatement les droits le 13 août, même sans annonce officielle, laissant les négociations se poursuivre discrètement. Cette approche de « pas de mouvement brusque » pourrait éviter la panique sur les marchés tout en laissant les discussions progresser. Dans tous les cas, une prolongation signalerait que les deux parties craignent l’alternative. Elle serait probablement bien accueillie par les investisseurs mondiaux et l’industrie américaine, même si elle ne constitue pas une solution permanente. En effet, les experts notent que l’existence même de la pause de mai à juillet et du dialogue en cours suggère que Washington et Pékin jouent une stratégie à long terme et sont prêts pour un processus de négociation prolongé. Les droits élevés pourraient persister longtemps, mais l’escalade totale pourrait être retardée à plusieurs reprises. Au fil du temps, cela pourrait normaliser un nouveau statu quo de découplage partiel et de tensions commerciales maîtrisées, à moins qu’une percée ne soit réalisée.

  1. Accord partiel ou pacte par étapes – compromis limité pour éviter l’escalade : Un troisième scénario pourrait être un accord limité de type « Phase Deux » visant à empêcher le rétablissement des droits. Plutôt qu’un pacte commercial complet (qui semble hors de portée dans un calendrier serré), les négociateurs pourraient élaborer un accord intermédiaire plus étroit couvrant des domaines spécifiques. Par exemple, la Chine pourrait offrir des concessions telles qu’une augmentation des achats de produits agricoles et énergétiques américains, de meilleures protections pour la propriété intellectuelle américaine, ou un accès accru au marché dans des secteurs comme la finance. En échange, les États-Unis pourraient accepter de geler le droit de réciprocité à 10 % indéfiniment ou même de revenir sur certains droits instaurés en 2018. Un tel mini-accord pourrait être présenté comme un gagnant-gagnant : Trump pourrait mettre en avant les concessions chinoises (et soulager les agriculteurs), tandis que Xi éviterait la réimposition du droit de 34 % et obtiendrait éventuellement la levée de certains droits existants ou une exclusion des contrôles à l’exportation américains.

Un domaine possible pour un accord partiel est l’agriculture, longtemps un point de blocage. La Chine pourrait s’engager à un objectif d’importation important et pluriannuel de produits agricoles américains – à l’image de la relance des promesses non tenues de la Phase One. En effet, des responsables américains ont laissé entendre qu’ils souhaitaient que la Chine respecte réellement les engagements d’achats de 2020–2021. Si Pékin proposait de bonne foi d’acheter, par exemple, 50 milliards de dollars supplémentaires de maïs, soja et viande américains au cours de l’année suivante, Trump pourrait accepter d’annuler le rétablissement des droits et même de supprimer le droit de 10 % sur ces produits agricoles. Étant donné que les importations chinoises de produits agricoles américains ont atteint un record de 40,9 milliards de dollars en 2022 (faisant de la Chine le principal marché pour les agriculteurs américains), les deux parties savent l’importance de maintenir ce commerce. Un accord garantissant la demande chinoise pour les produits agricoles américains serait politiquement bien accueilli dans le Midwest américain et contribuerait à reconstruire la confiance.

Un autre domaine propice au compromis est celui des subventions industrielles et des transferts de technologies – des sujets plus difficiles à résoudre, mais où les négociateurs pourraient trouver des mesures progressives. La Chine pourrait accepter de renforcer la réglementation sur les précurseurs du fentanyl ou de s’abstenir d’exiger des transferts de technologie forcés aux entreprises étrangères, répondant ainsi aux préoccupations américaines en matière de sécurité nationale. En retour, les États-Unis pourraient suspendre certaines restrictions à l’exportation prévues ou supprimer un sous-ensemble de droits (par exemple, les droits sur les biens de consommation qui affectent davantage les consommateurs américains que les entreprises chinoises). Un accord partiel pourrait également inclure des ententes sectorielles. Il est question de pistes séparées : l’une sur le commerce stratégique des hautes technologies (définissant un cadre pour un commerce technologique acceptable versus technologie interdite), et l’autre sur le commerce de biens traditionnels et les déséquilibres. Bien qu’un accord global sur la technologie soit improbable, même un accord modeste – par exemple, la Chine levant certaines restrictions sur les entreprises américaines de cloud computing, ou les États-Unis autorisant certaines ventes de semi-conducteurs non sensibles – pourrait constituer une mesure de confiance.

En essence, un accord partiel viserait à éviter un effondrement en août et à préparer le terrain pour de nouvelles discussions. Ce scénario maintiendrait probablement les droits réciproques à 10 % ou les réduirait, plutôt que de passer à 34 %. Il pourrait également entraîner des suppressions de droits ciblées. Par exemple, les États-Unis pourraient supprimer les droits sur une catégorie comme les vêtements ou les meubles (qui touchent principalement les consommateurs américains) en guise de geste, tandis que la Chine pourrait supprimer les droits sur les automobiles ou les avions américains pour aider des entreprises comme Boeing. Chaque partie obtiendrait une « victoire » : la Chine bénéficierait d’un allégement tarifaire et de stabilité ; les États-Unis obtiendraient des gains d’exportation mesurables et éventuellement des engagements de réforme de Pékin.

Probabilités et imprévus : prévoir quel scénario se concrétisera est difficile. Tout dépend de la volonté politique et du contenu des discussions à huis clos. Les observateurs notent que le style de négociation de Trump est imprévisible : il renforce souvent les droits de douane pour obtenir des concessions, mais il accorde aussi de l’importance aux victoires médiatiques et pourrait se tourner vers la négociation si une opportunité de triomphe se présente. La date limite artificielle du 12 août peut être prolongée ou ignorée si politiquement nécessaire. Du côté de Pékin, Xi Jinping navigue sur un chemin délicat : il ne veut pas paraître faible en cédant à la pression américaine, mais doit également stabiliser l’économie chinoise. Si un accord partiel est réalisable, abordant certaines préoccupations américaines sans compromettre le modèle économique central de la Chine, Xi pourrait l’accepter pour éviter de nouveaux dommages.

Il convient également de considérer les facteurs externes. La situation économique mondiale à l’été 2025 pourrait influencer les décisions. Si l’inflation américaine repart à la hausse, Trump pourrait être plus enclin à maintenir les droits bas (puisque les droits augmentent les prix à la consommation). Inversement, une forte croissance américaine pourrait le rendre suffisamment à l’abri pour supporter une guerre tarifaire. Pour la Chine, une crise immobilière ou financière imminente rendrait le marché d’exportation américain encore plus crucial, orientant le calcul vers le compromis. De plus, les pressions des alliés et des industries sont importantes : les alliés américains en Europe et en Asie ont discrètement incité Washington et Pékin à trouver une solution, car la guerre tarifaire affecte la croissance mondiale. Les lobbies d’affaires des deux pays – Chambre de commerce des États-Unis, associations de producteurs de soja, fabricants chinois de technologies, etc. – fournissent activement leur avis sur les résultats acceptables.

En résumé, les issues probables vont d’un retour sombre à l’escalade tarifaire, à un statu quo avec prolongations, jusqu’à un accord limité qui suspend le conflit. Un grand accord global résolvant toutes les questions reste improbable ; la liste des différends (subventions, cybersécurité, droits de l’homme) est longue. Le scénario réaliste le plus optimiste est une désescalade contrôlée : une série d’accords partiels ou de prolongations progressives qui abaissent certains droits et traitent des enjeux spécifiques, sans résoudre entièrement la rivalité stratégique. À l’inverse, le scénario le plus pessimiste est une guerre commerciale soutenue qui accélère le découplage des économies américaine et chinoise en blocs rivaux.

Focus sectoriel : semi-conducteurs, véhicules électriques et agriculture

La guerre commerciale et ses conséquences potentielles ont des impacts inégaux selon les secteurs. Trois industries illustrent les enjeux : les semi-conducteurs (et la technologie), les véhicules électriques (technologies propres et automobiles) et l’agriculture. Chacune présente une exposition spécifique et constitue un indicateur clé pour anticiper la prochaine phase des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine.

Semi-conducteurs : une guerre technologique au cœur de la guerre tarifaire

Le secteur des semi-conducteurs se situe au cœur de la confrontation économique entre les États-Unis et la Chine. Si les droits de douane sur les puces et l’électronique constituent un front de bataille, les contrôles à l’exportation et les sanctions technologiques limitant l’accès de la Chine aux semi-conducteurs de pointe sont encore plus critiques. Au cours des deux dernières années, les États-Unis ont fortement restreint les exportations de puces vers la Chine – notamment avec les règles d’octobre 2022 interdisant la vente de puces avancées pour l’intelligence artificielle et d’outils de fabrication aux entreprises chinoises. Ces mesures ont été étendues en 2023 et 2024, étouffant effectivement l’approvisionnement chinois en nœuds de 7 nm et inférieurs et obligeant les fabricants mondiaux de puces à obtenir des licences pour servir les clients chinois. En représailles, Pékin a utilisé son contrôle sur certaines matières premières : mi-2023, la Chine a imposé des restrictions à l’exportation du gallium et du germanium, deux éléments rares mais essentiels pour la fabrication de semi-conducteurs et d’électronique. Ce jeu de représailles a introduit une nouvelle notion dans le conflit – la « guerre des puces » – parallèle à la guerre tarifaire.

Les semi-conducteurs n’ont pas non plus été épargnés par les droits de douane. De nombreux composants électroniques et puces fabriqués en Chine sont soumis aux droits de la Section 301 depuis 2018 (par exemple, circuits imprimés, équipements de télécommunications à 25 %). À l’inverse, les droits de rétorsion chinois ont frappé certaines exportations américaines de semi-conducteurs, bien que Pékin ait souvent exempté les importations technologiques dont son industrie avait besoin. Par exemple, la Chine a initialement appliqué des droits supplémentaires sur les dispositifs américains en 2018, mais les entreprises chinoises ne pouvaient se permettre de couper les importations américaines, donc ces droits ont souvent été annulés ou contournés via des réorientations de chaînes d’approvisionnement. Malgré cela, les ventes américaines de semi-conducteurs vers la Chine ont chuté à mesure que les restrictions à l’exportation entraient en vigueur. En 2024, les géants américains comme Nvidia, Intel et Qualcomm ont signalé des baisses significatives de leurs revenus en Chine en raison des droits de douane et des restrictions à l’exportation. La Chine représentait plus de 25 % du marché mondial des entreprises américaines de semi-conducteurs, et perdre ce marché est coûteux : une estimation montre que les exportations américaines de puces vers la Chine ont chuté de près de 30 % en valeur entre 2021 et 2024 selon les nouvelles restrictions (d’après les données du U.S. Census).

Si les droits de douane sont rétablis en août, le secteur des semi-conducteurs pourrait connaître une perturbation plus intense des approvisionnements. Un droit américain de 34 % sur l’électronique chinoise frapperait fortement la technologie grand public – ordinateurs portables, smartphones et appareils intelligents assemblés en Chine (souvent contenant des puces de plusieurs pays). Les entreprises technologiques américaines pourraient accélérer le transfert de l’assemblage final vers l’Asie du Sud-Est ou le Mexique pour contourner les droits, une tendance déjà en cours. Du côté chinois, un retour à une guerre commerciale totale pourrait entraîner des mesures plus extrêmes : Pékin pourrait rétablir ses interdictions d’exportation de minéraux pour la fabrication de puces (comme le gallium) et éventuellement les étendre aux aimants en terres rares ou à d’autres intrants technologiques critiques. La Chine pourrait également renforcer sa loi sur le contre-espionnage pour limiter le partage de données ou d’algorithmes, compliquant la vie des entreprises technologiques américaines en Chine. Dans un scénario de rétablissement des droits, on assisterait probablement à un renforcement rapide de l’autosuffisance dans les deux pays : Washington doublerait les incitations pour les fonderies nationales de puces (comme prévu par la loi CHIPS de 2022), et Pékin investirait encore davantage dans ses champions nationaux pour remplacer la technologie américaine. L’effet net serait une fracture plus profonde dans la chaîne mondiale de semi-conducteurs, avec des coûts plus élevés et des inefficiences à mesure que des écosystèmes dupliqués se forment. Les consommateurs pourraient finalement ressentir cela dans des électroniques plus chères et une innovation plus lente si la collaboration se rompt.

Si la trêve est prolongée ou si un accord est conclu, le secteur des semi-conducteurs pourrait souffler – mais pas être complètement soulagé. Les tensions technologiques sous-jacentes sont loin d’être résolues. Cependant, une pause continue pourrait encourager de petits accommodements : par exemple, les États-Unis pourraient délivrer des licences supplémentaires pour certaines puces moins sensibles, ou la Chine pourrait supprimer ses droits sur certains équipements de semi-conducteurs importés des États-Unis (réduisant le coût pour les fonderies chinoises si elles sont autorisées à acheter les outils américains). Un accord plus large pourrait éventuellement inclure des garde-fous pour le commerce technologique : la Chine pourrait s’engager à ne pas riposter de manière à perturber l’approvisionnement mondial (comme maintenir les exportations de terres rares), et les États-Unis pourraient limiter les contrôles à l’exportation aux technologies sensibles pour la sécurité, et non aux puces commerciales standard. À court terme, un signe positif est la pause chinoise sur ses listes noires technologiques pendant les négociations. Cela suggère que Pékin pourrait être prêt à séparer le commerce technologique purement commercial des technologies militaires stratégiques – une distinction pouvant servir de base à un compromis.

Données et perspectives : Les chiffres illustrent l’importance des enjeux. La Chine consomme plus de 70 % de la production mondiale de semi-conducteurs, une grande partie pour l’assemblage et la réexportation. En 2022, la Chine a importé environ 180 milliards de dollars de puces (en baisse par rapport à plus de 300 milliards en 2018), et les entreprises américaines représentaient une part substantielle de ces ventes. Inversement, les États-Unis dépendent de la Chine (et de Hong Kong) pour une part importante de leurs importations d’électronique – environ 30 à 40 % des produits électroniques grand public américains proviennent d’usines chinoises. Dans une guerre tarifaire prolongée, ces chiffres évolueront à mesure que les entreprises ajusteront leurs sources : on observe déjà que le Vietnam, le Mexique et d’autres pays gagnent des parts d’assemblage électronique au détriment de la Chine. Par exemple, les importations américaines d’aluminium et d’autres intrants se sont détournées de la Chine en 2025 vers des pays considérés comme plus fiables ou alignés. Une réorientation similaire se produit dans les semi-conducteurs : Apple produit désormais certaines puces à Taïwan et prévoit l’assemblage en Inde ; les entreprises technologiques chinoises recherchent des IP de puces non américaines au Japon ou aux Pays-Bas. En résumé, les semi-conducteurs resteront un terrain de tension majeur, droits de douane ou non. La « trêve » n’a pas stoppé le découplage technologique, mais elle pourrait le canaliser dans un processus plus maîtrisé plutôt que dans une rupture chaotique.

Véhicules électriques (VE) : la technologie propre prise dans la tourmente

Les véhicules électriques représentent à la fois une opportunité de marché émergente et un nouveau point de tension dans la concurrence entre les États-Unis et la Chine. La Chine est devenue le premier producteur et exportateur mondial de VE, grâce à un soutien massif de l’État et à un marché intérieur en plein essor. En 2023, la Chine a dépassé le Japon pour devenir le numéro un de l’exportation automobile mondiale, avec plus de 2 millions de véhicules expédiés au cours des neuf premiers mois de l’année, dont beaucoup électriques. Des marques comme BYD, NIO et SAIC cherchent à s’étendre en Europe et potentiellement aux États-Unis. Les États-Unis, de leur côté, considèrent la production de VE comme cruciale pour l’avenir industriel et les objectifs climatiques, soutenant leur propre industrie via les subventions de l’Inflation Reduction Act, qui exclut notablement les VE avec composants de batterie fabriqués en Chine des crédits d’impôt américains.

La guerre tarifaire touche directement le secteur des VE de plusieurs manières. Les droits de douane automobiles faisaient partie du carnet de représailles de la Chine dès 2018 : cette année-là, la Chine a augmenté les droits d’importation sur les voitures américaines à 40 % (contre un taux de base de 15 %) en réponse aux tarifs de Trump, affectant des constructeurs américains comme Tesla vendant en Chine. (La Chine a ensuite assoupli ces droits supplémentaires lors des négociations de 2019, les ramenant temporairement à 15 %.) Dans le conflit actuel, les VE et les batteries sont au centre des discussions. En mai 2024, l’administration Biden a relevé les droits de douane sur les véhicules électriques chinois et composants associés, probablement via des enquêtes anti-dumping ou de droits compensateurs, en invoquant des subventions chinoises jugées déloyales. Ces tarifs américains – en plus du droit de 27,5 % déjà existant sur les voitures chinoises (héritage d’une loi commerciale antérieure) – rendent presque impossible l’entrée des VE chinois sur le marché américain. De plus, les droits globaux sur les automobiles de Trump (25 % sur les véhicules et pièces importés, annoncés en avril 2025) incluraient les VE chinois, refermant encore la porte. La Chine, pour sa part, a maintenu les droits sur les exportations automobiles américaines dans sa liste de représailles, bien que l’impact soit limité, car les constructeurs américains produisent largement en Chine via des coentreprises plutôt qu’en exportant depuis les États-Unis.

Que se passe-t-il pour les VE si la guerre tarifaire reprend ? Un retour à un tarif de 34 % fermerait pratiquement le marché américain aux importations chinoises. Toute voiture ou batterie fabriquée en Chine serait soumise à des droits si élevés que la vente compétitive serait impossible. Les fabricants chinois pourraient répondre en intensifiant leurs efforts pour installer des usines d’assemblage dans des pays tiers. Par exemple, il est envisagé que des constructeurs chinois implantent des usines au Mexique ou en Asie du Sud-Est, puis exportent vers les États-Unis sans droits via les accords commerciaux de ces pays (contourner les règles d’« origine du pays » n’est pas facile, mais l’assemblage hors de Chine pourrait éviter un tarif spécifique à la Chine). On pourrait également voir la Chine riposter directement dans le domaine des VE : Pékin pourrait cibler les constructeurs américains opérant en Chine, par exemple via des pressions réglementaires ou des boycotts des consommateurs. La Gigafactory Tesla de Shanghai pourrait être un levier potentiel : les autorités chinoises pourraient la surveiller de plus près, ralentir les approbations ou inciter implicitement les consommateurs à acheter des VE nationaux plutôt que des Tesla. Si les relations se détériorent, des constructeurs américains comme General Motors, qui vendent des millions de véhicules en Chine via des partenariats, pourraient aussi rencontrer des obstacles (même si ces voitures sont fabriquées en Chine, les entreprises pourraient rester vulnérables au nationalisme ou aux exclusions dans les marchés publics).

Une guerre commerciale totale pourrait également perturber la chaîne d’approvisionnement des batteries de VE. La Chine domine la production de cellules lithium-ion et le traitement des minerais critiques comme le lithium, le cobalt et le graphite. Si les droits de douane atteignent le maximum, les fabricants américains de batteries trouveront les matériaux cathodes/anodes chinois extrêmement coûteux à importer. Cela pourrait ralentir la production américaine de VE à court terme, car les fournisseurs alternatifs pour certains matériaux sont limités (les États-Unis importent actuellement plus de la moitié de leurs composants de batterie depuis la Chine). Dans un scénario pessimiste, la Chine pourrait même restreindre l’exportation de certains matériaux de qualité batterie (comme elle l’a fait pour les métaux des semi-conducteurs) en représailles, ce qui couperait l’approvisionnement des usines américaines. Tout cela suggère qu’une guerre commerciale accrue représente un risque pour le calendrier de transition vers les VE aux États-Unis, rendant potentiellement les véhicules plus chers et moins disponibles à court terme.

Dans le cadre d’une trêve prolongée ou d’un accord partiel, un résultat plus positif pour les VE est possible. Les deux pays partagent un intérêt commun à lutter contre le changement climatique et pourraient trouver un terrain d’entente dans le commerce des technologies propres. Certains analystes estiment qu’un accord limité pourrait prévoir des exceptions pour les produits écologiques. Par exemple, les États-Unis pourraient maintenir leurs droits sur la plupart des produits chinois, mais accepter de réduire les droits ou quotas sur les batteries de VE ou panneaux solaires chinois si cela favorise les objectifs climatiques. (Notamment, l’administration Biden a envisagé brièvement de lever certains droits solaires chinois pour atteindre ses objectifs climatiques, avant que l’opposition intérieure n’intervienne.) La Chine, de son côté, pourrait supprimer les droits punitifs sur les voitures et pièces automobiles américaines, permettant à des entreprises comme Ford ou GM d’exporter certains véhicules vers la Chine de manière rentable. En 2024, le droit chinois sur les voitures importées est de 15 %, mais pourrait remonter à 34 % si les représailles sont rétablies. Un accord pourrait maintenir ce taux à 10 % ou moins, aidant les exportations américaines de voitures de luxe (bien que modestes en volume).

Un autre aspect concerne les normes et subventions. Si les discussions progressent, les États-Unis et la Chine pourraient traiter la course aux subventions dans le secteur des VE – peut-être en s’engageant à respecter les règles de l’OMC ou à partager des informations sur les programmes de subventions pour éviter des représailles tarifaires constantes. L’enquête en cours de l’Union européenne sur les subventions chinoises aux VE (lancée en 2023) ajoute une pression : la Chine sait qu’un afflux incontrôlé de VE étrangers bon marché pourrait provoquer une vague de droits occidentaux. Ainsi, Pékin pourrait accepter une gestion encadrée du commerce des VE, par exemple en limitant les volumes exportés vers des marchés sensibles ou en augmentant la part locale des VE chinois vendus à l’étranger (créant des emplois dans le pays importateur). Ces idées sont spéculatives, mais elles montrent que les VE sont un secteur stratégique où une guerre tarifaire pure serait perdante-perdante. Un cadre coopératif, même lâche, bénéficierait aux deux : la Chine souhaite vendre des VE dans le monde, et les États-Unis veulent des VE abordables pour les consommateurs, tout en hébergeant Tesla et d’autres entreprises qui exportent depuis la Chine ou dépendent des batteries chinoises.

Données clés : La montée rapide de la Chine dans l’automobile est frappante – en 2022, elle a exporté environ 3,2 millions de véhicules, en hausse de 54 % sur un an, et 2023 a probablement dépassé 4 millions (la plaçant au premier rang mondial). Beaucoup sont des VE ou hybrides ; les fabricants chinois s’étendent en Europe, où leur part de marché augmente. Les États-Unis, à l’inverse, n’avaient exporté qu’environ 200 000 véhicules vers la Chine en 2017 (avant la guerre commerciale) et beaucoup moins après l’instauration des droits – par exemple, les exportations de voitures américaines vers la Chine ont chuté de manière spectaculaire en 2018–2019 en raison des droits de rétorsion chinois. L’expérience de Tesla est illustrative : elle a commencé à exporter des Model 3 et Model Y fabriquées à Shanghai vers l’Europe et l’Asie en 2021, tirant parti de l’efficacité de production chinoise. Si les droits restent modérés, Tesla (entreprise américaine) pourrait même envisager d’exporter certains VE fabriqués en Chine vers le marché américain – mais tout droit sérieux (et encore plus 34 %) bloque complètement cette voie. Ainsi, la configuration des droits de douane déterminera où les VE sont construits et vendus. Sous des droits élevés, on verra plus de bifurcation : la Chine produit pour elle-même et le Sud global, les États-Unis produisent pour eux-mêmes, et chaque côté peine à pénétrer le marché de l’autre. Sous des droits plus bas ou un accord, un marché plus intégré pourrait persister, où par exemple, des entreprises chinoises de batteries investissent dans des usines américaines (certaines, comme CATL, prévoient déjà des installations aux États-Unis) et les constructeurs américains s’approvisionnent librement en batteries chinoises pour réduire les coûts. Les semaines à venir seront cruciales pour le paysage mondial des VE.

Agriculture : fermes et alimentation en première ligne

L’agriculture a été à la fois cible et levier de négociation tout au long de la guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine. Les agriculteurs américains ont été parmi les premières victimes lorsque la Chine a répliqué aux tarifs de Trump en 2018, en imposant des droits de douane élevés sur le soja, le maïs, le porc et d’autres produits américains. La Chine est un marché d’exportation crucial pour l’agriculture américaine : avant la guerre commerciale, environ 60 % des exportations de soja américain étaient destinées à la Chine, qui était aussi un acheteur majeur de sorgho, coton, cuir et viande américains. Ainsi, lorsque Pékin a appliqué un tarif de 25 % sur le soja américain mi-2018, les exportations américaines se sont effondrées (chute de plus de 70 % en volume cette année-là). Les piles de soja invendu et la chute des prix ont durement touché les agriculteurs du Midwest, poussant le gouvernement américain à verser 28 milliards de dollars d’aides ponctuelles en 2018–2019 pour compenser les pertes agricoles.

La Chine s’est tournée vers des fournisseurs alternatifs. Le Brésil et l’Argentine ont profité de l’occasion : les exportations brésiliennes de soja vers la Chine ont atteint des niveaux record, comblant la majorité du vide laissé par les producteurs américains. Ce réajustement montre comment le commerce agricole peut pivoter : la Chine a plusieurs options pour s’approvisionner, souvent à un coût plus élevé ou avec moins d’efficacité. L’accord de Phase One en 2020 visait en grande partie à rapprocher la Chine des fermes américaines. Initialement, cela a fonctionné : en 2020 et surtout en 2021, la Chine a augmenté ses achats de maïs, soja, porc et bœuf américains, stimulée par l’accord et ses besoins internes (une épidémie porcine avait accru la demande en alimentation et viande importées). En 2021, la Chine a importé 37,8 milliards de dollars de produits agricoles couverts, permettant aux exportations agricoles américaines vers la Chine d’atteindre un niveau record. Même si les objectifs exacts n’ont pas été atteints, ce fut un rebond majeur : les exportations agricoles vers la Chine ont atteint environ 40,9 milliards de dollars en 2022, un nouveau record, en hausse d’environ 15 % par rapport à l’année précédente. Les produits comme le soja, le sorgho et les produits laitiers circulaient à nouveau en grands volumes, aidés par la reprise économique chinoise et la nécessité de contenir l’inflation alimentaire.

Avec la reprise du conflit tarifaire en 2025, l’agriculture est à nouveau vulnérable. Les mesures de représailles de Pékin en avril ont déjà signalé un resserrement : suspension des importations de certains producteurs américains de volaille et moulins à maïs pour des raisons techniques, et indication de réduire les importations américaines comme levier. Si l’échéance d’août passe sans accord, la Chine pourrait fermer l’accès aux produits agricoles américains en réimposant des droits élevés. Un tarif de 34 % ou plus sur le soja américain, par exemple, rendrait le soja américain non compétitif face au soja brésilien (que la Chine peut importer sans droits). Les acheteurs d’État chinois annuleraient probablement les commandes de céréales américaines pour la récolte d’automne et se tourneraient vers l’Amérique du Sud. On pourrait revivre la situation de 2018–2019 : les exportations de soja américain vers la Chine pourraient chuter drastiquement et les prix domestiques tomber en raison d’un excédent. Même scénario pour la viande : la Chine pourrait rétablir les droits sur le porc, qui avaient atteint 50 % lors de la précédente guerre commerciale, paralysant un marché en croissance. Les éleveurs américains feraient alors face à un surplus et des prix bas. En résumé, les agriculteurs américains paieraient le prix fort si la guerre commerciale s’intensifie.

Ce n’est pas seulement le soja et le porc qui sont en jeu. D’autres produits à risque incluent le coton (la Chine est un acheteur majeur pour son industrie textile), les produits laitiers (notamment le lactosérum pour l’alimentation animale) et des cultures spécialisées comme les amandes et pommes. Beaucoup venaient tout juste de regagner des parts de marché après la Phase One. Un retour en arrière pourrait inverser ces gains du jour au lendemain. Le gouvernement américain pourrait envisager un nouveau plan d’aides agricoles, mais après avoir déjà dépensé des dizaines de milliards avec des déficits croissants, le filet de sécurité pourrait être plus limité.

Du point de vue chinois, couper les importations américaines n’est pas sans coût. Les consommateurs chinois se sont habitués à des produits alimentaires américains de haute qualité (fruits à coque, fruits, bœuf). Plus important encore, la Chine a besoin de nourriture pour le bétail : son énorme secteur de l’élevage dépend du soja et du maïs importés. Même si le Brésil peut fournir beaucoup, il ne couvre pas tout, surtout en cas de mauvaise récolte. En 2022, la Chine a importé 30,4 millions de tonnes de soja américain, en hausse de 11 % par rapport à l’année précédente, montrant que même avec la diversification, l’approvisionnement américain reste crucial. Si les tarifs rendent le soja américain trop cher, la Chine pourrait faire face à des pénuries ou une hausse des prix de l’alimentation animale, un sujet sensible pour la stabilité sociale. Pékin cherche à réduire sa dépendance aux États-Unis tout en protégeant sa sécurité alimentaire. Une coupure totale signifierait probablement payer plus ailleurs (faisant grimper les prix mondiaux) ou puiser dans ses stocks. Ainsi, la Chine a intérêt à maintenir un minimum d’importations agricoles américaines si possible.

Dans le cadre d’une trêve prolongée ou d’un accord partiel, l’agriculture est le fruit à portée de main pour la coopération. Acheter davantage de cultures américaines est une concession facile pour la Chine : politiquement acceptable à Pékin (la Chine a besoin de nourriture et cela ne nécessite pas de réformes structurelles) et politiquement très rentable à Washington. On peut s’attendre à ce que tout accord intérimaire inclue des engagements d’achat concrets. Par exemple, la Chine pourrait accepter des quotas ou objectifs pour certaines commodités : X millions de tonnes de soja, Y tonnes de GNL et Z milliards en viande sur l’année suivante. Ces quantités pourraient être similaires à celles de la Phase One, que la Chine avait presque atteintes pour l’agriculture (environ 80 % de l’objectif). Les négociateurs américains voudront quelque chose de tangible pour montrer aux législateurs des États agricoles, et la Chine peut le fournir plus facilement que des modifications de subventions industrielles. Ainsi, si un accord survient, on peut s’attendre à des annonces positives d’importations massives de grains, viande et peut-être biocarburants (éthanol) américains.

Un accord pourrait également aborder les barrières non tarifaires qui freinent le commerce agricole. Par exemple, la Chine pourrait accélérer l’approbation des cultures génétiquement modifiées américaines (un problème de longue date) ou lever les interdictions d’importation pour raisons sanitaires (comme elle l’a fait pour certains produits de bœuf et de volaille pendant la Phase One). Déjà dans la trêve, la Chine a suspendu ses actions d’avril contre certaines importations agricoles américaines, montrant que celles-ci peuvent servir de levier. Les États-Unis pourraient réciproquement lever des droits sur les intrants agricoles importés de Chine : engrais, équipements agricoles, etc., pour réduire les coûts des fermiers.

Perspective chiffrée : Les exportations agricoles américaines ont atteint 196 milliards de dollars à l’échelle mondiale en 2022, dont plus de 40 milliards proviennent de la Chine (~21 %). Cela souligne l’importance de la Chine comme client. Pour le soja, environ 58 % de toutes les exportations américaines (en valeur) allaient en Chine en 2022, rebondissant après les bas de la guerre commerciale. Si cette porte se ferme, les projections USDA montrent que les revenus agricoles américains pourraient chuter fortement, et la part du Brésil sur le marché chinois pourrait atteindre 80–90 %. Les lobbies agricoles américains en sont bien conscients : des groupes comme l’American Soybean Association exhortent les administrations Biden et Trump (2025) à lever les droits et restaurer la stabilité. Du côté chinois, la sécurité alimentaire reste une priorité. La Chine a récemment diversifié ses sources d’importation (plus d’achats en Amérique du Sud, investissements dans les céréales de la mer Noire, etc.) et investi dans des terres agricoles à l’étranger, mais ce sont des mesures à long terme. À court terme, pour des produits de base comme le soja, la Chine dépend des importations étrangères, donnant aux États-Unis un certain levier : couper le soja américain pénalise l’alimentation animale chinoise – mais la Chine a montré en 2018–2019 qu’elle pouvait supporter cette douleur si nécessaire, notamment grâce aux subventions aux éleveurs de porcs pour compenser la hausse des coûts alimentaires.

Conclusion : L’agriculture pourrait soit souffrir fortement, soit bénéficier considérablement selon l’issue des discussions post-trêve. En cas d’échec, les fermiers américains se retrouveront à nouveau en première ligne des représailles, et les économies rurales ressentiront la pression. Si un accord émerge, ils pourraient être les principaux bénéficiaires, avec des volumes d’exportation potentiellement record et un meilleur accès au marché. Quoi qu’il arrive, l’expérience de ce secteur depuis 2018 montre une chose : les produits agricoles et alimentaires sont désormais intimement liés à la stratégie géopolitique, et non laissés uniquement aux forces du marché. Cette réalité est peu susceptible de changer même si les droits sont réduits, chaque partie restant prudente vis-à-vis de la dépendance à l’autre pour des ressources alimentaires essentielles.

Conclusion : Enjeux élevés et horizons incertains

À l’approche du 12 août 2025, la guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine se trouve à un tournant critique. L’arc historique allant des escarmouches commerciales de 2018 à la confrontation économique ouverte de 2025 a profondément transformé le paysage du commerce mondial. Ce qui avait commencé comme des droits ciblés sur les lave-linge et les panneaux solaires est devenu une rivalité à spectre large, touchant presque tous les produits et secteurs. En sept ans, les droits bilatéraux moyens sont passés de chiffres uniques à plus de 50 % aujourd’hui, et ont même brièvement atteint les trois chiffres. Cette confrontation s’est avérée coûteuse pour les deux camps : des études estiment que consommateurs et entreprises américains paient chaque année des dizaines de milliards de dollars en taxes, tandis que les exportations chinoises vers les États-Unis ont chuté de plus de 20 % en 2023 alors que les entreprises diversifiaient leurs approvisionnements. Pourtant, les deux pays restent profondément liés : même en 2024, ils étaient chacun le premier ou second partenaire commercial, avec plus d’un demi-billion de dollars d’échanges de biens.

La trêve de mai–juillet 2025 a apporté un certain répit et montré que le dialogue est encore possible. Mais elle a peu réglé. Les prochains jours révéleront si Washington et Pékin peuvent transformer cette pause en un modus vivendi durable ou si nous nous dirigeons vers une nouvelle escalade de représailles. Tous les regards se tournent vers les négociateurs – et les signaux des dirigeants. Trump et Xi devront faire des choix cruciaux : compromettre (et risquer d’être perçu comme faible) ou durcir le ton (et risquer un préjudice économique). Un accord permettant à chacun de sauver la face, qui traite certaines revendications américaines tout en donnant à la Chine la possibilité de revendiquer une dignité égale, est complexe mais pas impossible. La diplomatie créative – par étapes graduelles et vérification des engagements par des tiers – pourrait résoudre l’équation.

Pour les entreprises et investisseurs, la planification de scénarios est primordiale. Les acteurs des chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs, véhicules électriques et agriculture (et au-delà) évaluent les scénarios extrêmes et optimistes. Beaucoup accélèrent la stratégie “China+1”, ajoutant des fournisseurs alternatifs hors de Chine, sans savoir si les droits punitifs vont monter dans quelques semaines. D’autres stockent des inventaires ou ajustent leurs contrats pour anticiper les variations des droits (la nature très temporaire de la trêve a poussé les importateurs à accélérer les expéditions avant un choc potentiel en août). Les marchés financiers, jusque-là calmes, pourraient devenir volatils si les négociations échouent ; un retour à l’incertitude de 2019 ne serait pas bien accueilli à Wall Street ni sur les marchés de matières premières.

Les effets mondiaux sont également significatifs. L’Europe, le Japon et d’autres pays commerçants souhaitent discrètement une extension ou une désescalade – une guerre commerciale prolongée entre les deux plus grandes économies mondiales freine la croissance globale et force d’autres nations à faire des choix délicats. De nombreux pays ont été pris dans le sillage : par exemple, l’Allemagne et la Corée du Sud ont vu la demande chuter lorsque la Chine a ralenti, et des fournisseurs de matières premières comme le Brésil ont dû gérer les fluctuations des achats chinois, passant du soja américain au soja brésilien, et inversement. Il existe aussi un risque de précédent : si le conflit sino-américain reste non résolu, il pourrait normaliser un protectionnisme plus élevé dans le monde, encourageant d’autres conflits tarifaires. À l’inverse, une percée diplomatique pourrait renforcer la confiance dans le système commercial multilatéral, déjà sous tension.

Plus largement, cette guerre tarifaire dépasse les droits de douane : il s’agit d’un choc de systèmes économiques – les États-Unis s’opposant au capitalisme d’État chinois et à sa quête de suprématie technologique, la Chine défendant son droit au développement et refusant d’être enfermée par les règles américaines. Ces tensions fondamentales persisteront, quels que soient les accords tarifaires. Même en cas de baisse des droits, contrôles à l’export, restrictions d’investissement et sanctions resteront des outils de compétition. La guerre tarifaire pourrait donc évoluer en guerre technologique, guerre des investissements, etc. Dans ce contexte, ce qui se joue en août 2025 n’est qu’un chapitre d’une réorganisation économique sino-américaine beaucoup plus longue.

Pour l’instant, entreprises et consommateurs ne peuvent qu’observer et attendre à l’approche de l’échéance. Un optimisme prudent est perceptible – les souvenirs de l’échec de 2019 tempèrent l’euphorie – mais l’espoir demeure que la raison l’emporte, évitant au moins le pire scénario. Comme l’a ironisé un expert commercial : « Il aurait été décevant de revenir aux droits menacés simplement parce qu’une date un peu artificielle n’avait pas été respectée. » Finalement, les deux nations pourraient trouver un moyen de revendiquer une forme de victoire tout en continuant de négocier, plutôt que de s’infliger des dommages économiques mutuels. Sinon, août pourrait marquer le retour d’une guerre commerciale plus féroce que jamais.

Les prochaines semaines seront donc un moment décisif dans la saga économique sino-américaine – qui façonnera chaînes d’approvisionnement, prix et relations diplomatiques pour des années. Le monde regarde, tout comme les agriculteurs de l’Iowa, les ingénieurs en semi-conducteurs de la Silicon Valley, les ouvriers automobiles du Michigan, et tant d’autres dont les moyens de subsistance dépendent de l’issue. Dans ce poker à enjeux élevés des tarifs et du commerce, la seule certitude est que les décisions prises maintenant résonneront à travers l’économie mondiale.